L’art d’immortaliser [Featuring : Hisae]

Une journée bien remplit s’annonce sur l’agenda de notre beau ténébreux ! En effet, voilà qu’il y a environ de cela quelques semaines une vieille connaissance de se dernier lui passa un coup de fil alors qu’une soirée plus que banal s’était montré le but du nez. Aucun plan hormis sans doute réviser quelques partitions et des doigtés pour une de ses pièces jusqu’à ce que cinquième symphonie de Beethoven chante. Et oui, la sonnerie de son téléphone portable annonçait la venue d’une nouvelle – mais certes pas autant que la vision d’un nom que trop familier sur l’écran de celui-ci. Nul besoin d’entrer dans les divers détails de la conversation téléphoniques, mieux vaut aller directement au but ! Jeune propriétaire et rédacteur d’un magazine Tokyoïte indépendant – les rumeurs d’un prochain projet cinématographique mettant partiellement en vedette notre beau ténébreux fit frémir de plaisir ce dernier alors qu’il cherchait un sujet pour un prochain article. Un futur monstre médiatique – le magazine underground « Velvet Curtains » est toujours à l’affut des nouvelles cinématographique provenant des coins un peu plus sombre de la citée. Être devant l’objectif d’une caméra est pour notre starlette un des petits plaisirs de la vie – mais bon n’importe quel être le connaissant, même juste un peu, n’est point surprit par ce fait. Étant alors un des protagonistes principaux de cette prochaine œuvre cinématographique – notre très cher Kaah fut alors interpellé par Mister Velvet lui-même pour faire la page couverture ! Bon rien de bien gros comme couverture médiatique, mais les indépendants ont toujours su plaire à notre starlette !

C’est donc pour cette même raison que notre protagoniste – dans l’un de ses plus beaux costumes – prit quelques heures afin de se préparer au courant de la matinée avant de se diriger vers les petits locaux du magazine. L’interview ne prit que quelques minutes, très bref et professionnel : un résumé sans trop de détail dévoilant partiellement le synopsis puis ce fut rapidement en route vers le studio de photographie, enfin presque. Et non, ce n’est pas vrai que notre beau jeune homme ira se présenter devant la caméra sans s’être d’abord assuré d’offrir pour l’objectif le plus beau visage possible ! Jamais il ne posera volontairement pour qui que ce soit sans d’abord s’être observé dans le miroir, admirer son reflet et se trouver absolument sublime ! Un peu narcissique, oui c’est un fait, mais bon il possède tout de même une image à conserver ! Certains iront dire qu’il s’agit que d’un autre être de plastique ne pouvant point être naturel – c’est faux ! Il lui arrive occasionnellement de poser de façon très naturelle, ou de s’afficher publiquement au naturel ! Croyez vous qu’il fut aussi excentrique lorsqu’il dû se présenter avec l’Orchestre Philharmonique de Tokyo ? Bien sûr que non ! Cependant aujourd’hui il ne s’agit de rien de formel et être excentrique comme il l’est aujourd’hui va si bien avec son personnage dans le film !

Déambulant alors dans les couloirs – faisant encore une fois tournée des têtes, celui-ci s’avançait vers les studios de photographie afin de poser. Sa longue crinière soignée, ses vêtements d’une blancheur digne de l’hiver, son visage aux traits androgynes – celui-ci jeta un bref coup d’œil à la jeune photographe alors qu’elle préparait son matériel. Jeune, mais professionnel, notre protagoniste fut charmé par celle-ci – enfin pas au point d’être amoureux, mais il doit avouer qu’elle dégage un certain charisme. Les airs froids, stoïques et quasi surnaturelles de notre protagoniste cachait très bien le côté humain et chaleureux de celui-ci. Faisant quelques pas en sa direction – cet homme aux traits féminins démontra son sexe lorsqu’il prit la parole avec une voix douce et grave.

- Possédez-vous un plan d’action ou préférez-vous laisser le moment créer le produit ?

Personnellement, notre protagoniste eut toujours préféré laisser le moment l’emporter – laisser une symbiose naturelle ce créer entre le photographe et le modèle. Toute fois, certains photographes préfère tout contrôler, mettre en pratique leur vision de ce qui doit être la photo shoot – les photos sont généralement très réussi, mais cela n’empêche pas le fait que notre très cher Kaah sortira de l’endroit avec un produit qui va le satisfaire qu’à moitié. Des photos sans âmes, sans vie, c’est généralement ce qu’une photo shoot contrôlé offre – du moins c’est un sentiment personnelle.

Observant attentivement les traits faciaux de la jeune demoiselle, celui-ci déchiffrait son langage corporelle, mémorisait en son esprit les traits distinctifs de cette dernière – sachant que trop bien qu’ainsi est la seule façon qu’il aura des souvenirs d’elle puisque son nom lui demeura jamais à l’esprit, du moins pas aussi rapidement. Charmante jeune créature, elle pourrait aussi être devant l’objectif. Il ne sait rien d’elle, mais si la session peut créer une magnifique symbiose entre eux – il sortira de l’endroit sachant tout.

Photographe Nombre de messages : 68 Age : 30 Date d'inscription : 28/03/2008

Hisae se préparait à quitter l’école, rangeant précautionneusement son précieux appareil dans son sac lorsqu’un de ses professeurs l’interpella :

- Mlle Shimizu, est-ce que je pourrais vous parler quelques instants?

- Euh, bien sûr…

La jeune fille se laissa entraîner vers une table, l’air interdit. Que pouvait-il bien lui vouloir? Depuis son acceptation à l’école de photographie, et ce malgré d’excellentes notes, elle vivait dans l’angoisse constante de ne pas être à la hauteur et de se faire renvoyer chez elle, lieu qui lui était maintenant interdit. Sa première réaction fut donc de croire que l’homme voulait discuter avec elle d’un problème d’ordre scolaire et son regard hésitant entre une apparente sympathie et une certaine formalité ne l’aidait pas à se rassurer. Elle connaissait trop bien cette expression annonciatrice de mauvaises nouvelles. Du moins, elle le croyait…

- Un de mes amis personnels dirige indépendant sur le cinéma. Un peu à court de moyens, il cherche à engager des étudiants de l’école comme photographes. Vous comprenez sûrement que je n’ai pas pu m’empêcher de mentionner votre nom et de lui montrer quelques unes de vos œuvres… Il aimerait vous rencontrer pour discuter d’un contrat éventuel.

Figée, Hisae fixait le professeur. Inquiet de sa réaction, son interlocuteur rajouta donc :

- Évidemment, vos horaires seraient prévus de façon à ne pas entrer en conflit avec vos cours. De plus, la visibilité et le salaire sont excellents pour une étudiante si jeune. Habituellement, il engage des élèves inscrits en dernière année.

Quelques secondes s’écoulèrent encore après ses mots avant que l’étudiante reprenne ses esprits. Il n’y avait aucun problème! Au contraire, il lui offrait son premier contrat sur un plateau d’argent (peut-être même d’or à bien y réfléchir) Elle recommença donc à respirer normalement, se maudissant intérieurement de cette crise de panique inutile et se jurant de se débarrasser le plus rapidement possible de cet espèce de complexe d’infériorité qui la tenaillait. En y repensant bien, le visage de son enseignant exprimait plutôt une sorte de fierté légèrement paternaliste, c’était définitivement son imagination qui avait divaguée…

- Oui… euh, bien… je serais enchantée de rencontrer votre ami…

- Parfait! Au café étudiant demain après les classes, ça vous va?

Et c’est ainsi qu’Hisae fit la connaissance de Mister Velvet. Leur rencontre se passa merveilleusement bien mis à par pour le fait que la jeune fille trouvait que son enseignant ventant un peu trop ses mérites. Elle n’avait aucunement besoin qu’on lui mette plus de pression qu’elle ne s’en imposait déjà. Il fut donc conclu qu’Hisae commencerait dès la semaine suivante.

Et maintenant elle se trouvait dans les studios du magazine Velvet Curtains par un samedi après-midi pluvieux, ne croyant toujours pas à sa chance… Elle préparait son matériel avec fébrilité lorsque son modèle entra dans la pièce. À son habitude, elle le jaugea rapidement, évaluant les possibilités. Les cheveux longs, mais soignés, un costume blanc parfait quoiqu’une couleur plus sombre mettrait peut-être un peu mieux en valeur ses traits androgynes. D’ailleurs, cet excentrique personnage était une fille ou un garçon? Elle n’eut pas à se le demander longtemps, puisqu’il prit la parole le premier d’une voix harmonieuse, mais beaucoup trop grave pour appartenir à une femme.

- Possédez-vous un plan d’action ou préférez-vous laisser le moment créer le produit ?

C’était un peu étrange qu’il s’informe des détails techniques avec tant d’empressement, non? Et si on lui avait dit son inexpérience? Ou pire, s’il l’avait deviné lui-même en la voyant s’acharner sur son trépied?

De nouveau, Hisae se maudit et se força à prendre une grande inspiration. Si elle était ici d’était certainement parce qu’elle avait du talent. Et puis, elle empirait mentalement chacune de ses erreurs. Il n’avait peut-être même pas remarqué ses hésitations. De toute façon, qui n’avait jamais eu à s’y prendre à deux fois pour régler à la perfection un trépied? Finalement, elle se dit qu’il n’y avait aucune honte à manquer d’expérience tant qu’on voulait sincèrement apprendre. Personne ne la stigmatiserait pour cette première séance.

La jeune photographe releva donc le menton, chassa quelques mèches rebelles de devant ses yeux et s’adressa d’un ton qu’elle voulait ferme à son future modèle :

- Je n’ai pas de plan d’action précis. Je pense que vous être probablement mieux placé que moi pour contrôler votre corps, je me contenterai donc de mon appareil. Et puis, Mister Velvet m’a dit que vous étiez habitué aux séances de photographie. Je vous laisse donc le champ libre. S’il y a des corrections à apporter je vous en ferai part.

Alors que son modèle prenait place, elle l’évalua une seconde fois quoique plus en profondeur. À voir son habillement, elle en déduit qu’il avait une vision assez soignée de l’esthétisme et se nota mentalement d’y faire attention lors de la prise des photos. Elle se recentra néanmoins rapidement sur le présent afin de ne pas de faire attendre. Hisae prit donc son appareil photo les mais légèrement tremblantes et fit les réglages préliminaires.

- Voilà, tout est prêt…

Séduisante créature, voilà qu’il déambule afin d’aller faire face au projecteur. Oh mais ce petit geste anodin ne fut pas sans préalable, car voyez vous depuis son apparition en ce lieu de création notre charmante starlette ne put s’empêcher d’observer sa partenaire pour la session. Cherchant à la connaître un peu plus, mais sans toute fois la juger entièrement sur la simple impression de la première rencontre. Jeune créature, sans doute dans le même groupe d’âge que notre protagoniste, si ce n’est un peu plus jeune… mais bon ce genre de comparaison ne sera point abordé plus en détails puisque l’âge de ce très cher Kaah n’est aucunement un sujet qu’il aime publiquement discuter. Possède telle une grande expérience dans le domaine ? Elle doit sans doute en posséder un peu tout de même pour que ce très cher Mister Velvet l’engage ! Certes, il lui fut mentionner préalablement qu’il s’agissait d’une étudiante, cependant ce n’est point parce que cette jeune créature est en train d’étudier le domaine qu’elle est sans ou avec suffisamment d’expérience pour créer des œuvres de qualités. Cependant, votre cher protagoniste ne possède aucun mauvais sentiments à son égard, malgré les légers problèmes techniques – chose qui peut arriver même aux plus grands professionnels – elle dégage un certain savoir faire.

Installé, victime volontaire des projecteurs, proie suicidaire de la caméra, notre protagoniste ce mit déjà à majestueusement posé pour la jeune artiste. Aucun plan de jeu, voilà quelqu’un qui ne lui plait déjà ! Mieux vaut laisser la chimie naturelle ce créer d’elle-même, le tout doit être véritable et non forcé afin d’en retirer un maximum ! Il doit être lui-même, se laisser bercer par la rythmique de la session – cependant elle est où la rythmique ? Quelque photos de testes pour l’éclairage, mais durant cela quelque chose clochait selon notre protagoniste. Un élément était manquant, l’ambiance lui paraissait trop blasé, trop vide et sans vie. C’est donc pour cette raison qu’il se redressa, fit cesser temporairement la session s’excusant naturellement à la photographe ! Ce n’est point qu’il ne l’apprécie pas, qu’il ait envi de faire sa starlette, sa petite demoiselle capricieuse – quelque chose est manquant voilà ! Mais quoi exactement ? Le décor est bien installé, représentatif de ce que le film est, il porte son accoutrement, qui d’ailleurs le met en valeur, mais quelque chose est absent.

Une bande sonore, celle du moment est simplement celle du silence et de la mécanique de l’appareille. C’est pour cela qu’il ordonna – enfin ordonna, plutôt demander en insistant un peu – qu’on lui apporte son sac et un appareil stéréo. Quelques minutes plus tard, quelques minutes que certains jugerons comme étant perdu, ses désirs, ses ordres furent exécutés et ce qu’il a exigé lui fut apporté. S’excusant encore une fois à la photographe – seule personne a qui notre starlette doit des excuses – celui-ci était à nouveau près à travailler.

-Il manquait une rythmique à la session…

Un léger sourire, discret digne d’une Geisha, suite à cela notre protagoniste mit la bande sonore du chef d’œuvres cinématographique et les mélodies ambiantes se mirent à envahir magistralement la pièce. Oh le saviez vous, notre starlette est aussi le compositeur de la bande sonore ? Mais bon ce n’est pas parce qu’il l’a composé lui-même et qu’il est légèrement narcissique et égo centrique qu’il a choisi pour l’ambiance de la photo shoot ce disque ! C’est tout simplement parce que cet élément auditif est sans doute ce qui reflète le mieux l’ambiance – il aurait pu écouter du Chopin ou du Bach, mais il n’avait malheureusement pas les disques avec lui.

Le problème finalement réglé, notre starlette put enfin se remettre au travail. Un travail qui est loin d’être pénible, lui qui adore jouer les belles pour une caméra. Alors que le flash l’aveuglait quasiment, celui-ci continuait à se laisser bercer par la musique, suivant les rythmiques ambiantes afin de poser gracieusement pour la jeune photographe. La belle, l’agace, la séduisante créature, notre très cher Kaah, dévorait la caméra autant que celle-ci le dévore ! La chimie c’était installé, Mister Velvet passa observer rapidement la session sans s’attarder et le temps ce mit à passer alors que notre protagoniste devenait intemporel grâce aux miracles de la photographie.

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Hisae s’affairait avec application. Le silence du studio uniquement rompu par le déclic de son appareil l’oppressait légèrement, mais n’ayant aucune idée de la façon dont une séance professionnelle devait se dérouler elle n’osait entamer la conversation. Alors pour oublier son malaise, la jeune photographe s’absorbait totalement dans son travail, peaufinant le cadrage, réglant sans cesse ses lentilles. Si elle continuait ainsi, elle n’aurait même pas besoin de faire la moindre retouche. Au moins, son travail aurait le mérite d’impressionner Mr Velvet et de satisfaire l’esthétisme soigné de son modèle. Il était rare qu’elle s’applique autant à atteindre la perfection technique. Habituellement, Hisae préférait se concentrer sur son modèle et sur le point de vue, réglant grossièrement (du moins à son avis) les autres paramètres. Elle arrangeait ensuite le tout à l’aide d’un logiciel spécialisé. Sauf que là, ce n’était pas n’importe quelle session. C’était son premier contrat! Elle en jubilait encore juste d’y penser et commençait enfin à croire qu’elle le méritait.

Alors que son esprit commençait tranquillement à divaguer entre deux prises vers son avenir tout compte fait prometteur, la demoiselle figea. Quelque chose clochait avec son modèle. Depuis un moment, elle jurerait qu’il posait avec moins d’application. Finalement, il confirma ses doutes, s’arrêtant complètement. Il s’excusa, puis alla s’entretenir avec un technicien.

Durant quelques instant, elle eu peur que cet arrêt impromptu relève de sa responsabilité, se remettant à douté pour une millième fois de ses capacités, mais elle fut rassurée lorsque le technicien en question revint avec un petit système de son. La musique qui s’en échappa ne convenant pas exactement aux goûts de la photographe, pourtant elle ne protesta pas. Cela couperait sans doute le malaise presque palpable de la salle et si en plus ça pouvait inspirer son modèle… Quoi qu’elle n’avait nullement à s’en plaindre. Elle avait posé des dizaines de personnes dans sa courte carrière, mais aucune avant n’avait semblé autant se plaire devant la caméra. Un fugitif moment, elle se demanda même s’il n’en ressentait pas un réel bien-être physique.

La session continua donc à un bon rythme et Hisae observait avec curiosité le jeune… le jeune quoi d’ailleurs? Elle avait lu en diagonale la fiche que Mr Velvet lui avait confiée sur l’artiste, mais elle n’arrivait pas à extirper de ses souvenirs confus les informations qu’elle voulait… Elle était néanmoins sûre que acteur n’était pas son métier principal... Mais bon, elle n’allait pas l’arrêter pour lui demander son nom et son curriculum vitae complet. Elle redirigea donc le fil de ses pensées vers son charmant mannequin et la situation actuelle.

Elle était à présent sûre d’avoir tout le matériel nécessaire pour la publication du magazine. Pourtant, le garçon la fascinait de plus en plus et quelque chose la laissait sur sa faim. Ses deux faits combinés l’empêchait de mettre fin à la séance. Elle continuait donc, un peu machinalement, attendant de trouver ce qui clochait avec cette session en apparence si parfaite. Un fort joli décor malgré le petit budget du studio, un modèle bien vêtu et posant avec une grâce parfaite, un sens de l’esthétisme sans faille… Voilà! La surabondance de perfection l’énervait! Quoique la perfection n’étant atteinte qu’une fois qu’il n’y avait aucun défaut, comment pouvait on devenir trop parfait? Quand il n’y a aucun défaut, on ne peut en enlevé plus. Et puis, comme tous deux étaient que de simples humains, on ne pouvait probablement pas vraiment parlé de perfection en tant que telle. Bon, cessons cette envolée philosophique et revenons à nos moutons. Quoi que pouvons nous réellement parler de moutons…

Pour continuer cette parenthèse et tant qu’à perdre le fil de l’histoire, parlons de la relation qu’entretient notre chère protagoniste avec l’esthétisme. Selon elle, ce que son modèle lui fournissait était beau, très beau même. Mais malheureusement pour lui, Hisae faisait une distinction relativement important entre la beauté et l’esthétisme en tant que tel. La beauté était la qualité des lignes, l’agencement des couleurs, le choix du cadrage, bref tout ce qui servait à l’œuvre. Mais l’esthétisme lui allait bien plus loin. L’esthétisme était ce qui faisait que les gens s’arrêtaient devant une œuvre, la regarde sans se lasser. C’était l’émotion qui se dégageait de tout et surtout de la fragilité humaine. Et c’était cela qu’il manquait à son modèle

Elle avait l’impression de se heurter à une immense muraille. Il jouait un rôle. Sous la qualité technique, le garçon ne laissait transparaitre aucune émotion personnelle, que le plaisir de poser. Pourtant, il devait bien y avoir autre chose…

Elle y réfléchit donc quelques instants et vaincu sa gêne pour faire sa première intervention sur son premier contrat… Combien de premières fois lui restaient-elles pour savourer cette délicieuse impression de nouveauté? Elle n’osait imaginer qu’un jour ça s’arrêterait. Bref, elle baissa soudainement son appareil, pris une grande inspiration et parla de son mieux, tentant de ne pas offusquer son modèle qui après tout travaillait fort bien et de ne pas paraître trop intimidée pour ne pas non plus se faire rabrouer elle-même :

- Est-ce que je peux me permettre une remarque? Ce que tu as fait à date est excellent, pourtant j’aurais une faveur à te demander. Je sais que je me base sur des critères exclusivement subjectifs, mais je trouve que ton travail manque d’humanité… Tu pose d’une manière parfaite et justement cette perfection technique cache ce que tu transmets. À présent j’aimerais que tu cesse de te préoccuper de la grâce de tes poses ou tout ce qui peux t’occuper l’esprit et que tu sortes ce qu’il y a au fond de toi, peu importe si c’est beau ou si c’est bien...

Hisae se mordit la lèvre. Et s’il trouvait sa demande bizarre? Beaucoup de gens la considérait comme étrange en raison de sa fascination pour le côté sombre de l’humain, mais elle espérait tout de même qu’il comprendrait sa demande ou du moins qu’il l’exhausserait. Elle souhaitait ardemment sortir de cette session avec quelque chose de saisissant, quelque chose qui reflèterait et qui exposerait à la face du monde son esthétisme si chéri.

Et puis, elle allait afin voir ce que ce mystérieux mannequin avait réellement dans le ventre…

La session de déroulait bien, du moins que partiellement. Voyez vous, il y avait quelque chose qui clochait, quelque chose qui n’allait pas et le tout n’était pas uniquement du à l’ambiance sonore du studio – car de toute façon le tout fut réglé. Il manquait quelque chose à la chimie entre la photographe et notre modèle, elle était là et prenait de charmants clichés et lui posait magnifiquement c’est un fait, cependant les beaux clichés et les poses parfaites ne sont pas tout. Cependant ce léger problème, la faille à la chimie parfaite n’arrivait pas à se rédiger clairement dans l’esprit de notre protagoniste. Il la voyait certes, légèrement aveuglément, toute fois il était conscient qu’il y avait une faille à quelque part dans tout ça. Ce très cher Kaah est fort conscient que s’il avait l’occasion d’observer les clichés dans l’immédiat, il pourrait voir de façon externe ce qui ne va pas – ce qui intérieurement le perturbe, mais qu’à l’extérieur ne peut être démontré à travers son visage.

Qu’est-ce qui ne va pas ? Il pose magnifiquement, elle prend les photos dans des angles super, mais à quelque chose dans tout les clichés il y existe un élément qui est absent… un élément que la photographe semble avoir cependant pu repérer en tant qu’œil extérieur. L’humanité, l’émotion – il pose très bien… mais il pose pour une caméra et non une personne. Est-ce parce que l’harmonie ne s’est pas encore formée entre lui et la photographe et que le lien qui les unit est uniquement la mécanique d’un appareil ? Il n’est qu’un modèle, un être de glace qui pose parfaitement pour un appareil entièrement mécanique et non un être humain devant une femme. Au commentaire de la photographe – de toute évidence un peu hésitante lorsqu’il s’agit de révéler son opinion – notre protagoniste sourira et il fini même par émettre un léger rire. Voilà ce qu’il manquait, le côté humain de Kaah ! Lui qui habituellement est souvent une figure de glace qui s’exprime uniquement à travers son art, voilà que cette jeune femme vient faire en sorte que notre protagoniste puisse évoluer et devenir un être dont la beauté rayonne loin au-delà des barrières du physique. Portant son regard vers elle et non vers l’appareil, notre protagoniste lui fit un léger sourire en coin avant de s’exprimer verbalement.

-Voilà donc ce qu’il manquait à la chimie… ne craignez plus jamais de faire des remarques lorsqu’elles sont aussi intelligentes…

Elle est brillante, voilà pourquoi elle est présente devant notre musicien et acteur afin de le photographier – elle possède du talent ! Du talent… non… elle possède la photographie, elle possède l’essence même de cet art, mais cela elle l’ignore encore. Nul besoin de lui dire, elle finira par le découvrir elle-même un jour. Une femme capable de diriger notre protagoniste avec une telle brillance – un être pouvant dire ce qui cloche à notre très cher Kaah sans qu’il renvoie la personne, cela prouve simplement l’intelligence de cet être. Elle est venue chercher, lui démontrer ce qui n’allait pas, elle est venu éclaircir les directions qui dans l’esprit de notre starlette étaient toujours flous. Voilà pourquoi il eut sourit et rit, elle est brillante c’est tout !

Il ne doit pas poser pour l’appareil, il ne peut poser pour un objet mécanique… il doit se vendre… non s’offrir à elle, à cette photographe. Il doit lui démontrer à travers son regard, ses gestes ce qu’il souhaite dire en paroles – flirter avec la photographe et non l’appareil. Enfin flirter avec elle… c’est sans doute un peu trop en mettre, n’est-ce pas ? Okay peut-être pas tant que ça lorsqu’on connait notre cher Kaah un tant soi peu et sa magnifique tendance à le démontrer lorsqu’il désir quelque chose… ou quelqu’un même. Enfin, pas qu’il la désire… il ignore tout d’elle… mais il désir la connaître, lire en elle. Son émotion ? La passion, le désir, sans toute fois passé par l’amour. Il ne peut dire qu’il l’aime… c’est même à savoir si ce sentiment fut déjà connu par notre musicien… mais le désir ceci fut un sentiment connu. Est-ce mal de désirer une femme sans pour autant l’aimer ? De plus, l’amour n’est-ce pas là un sentiment que l’ont développe une fois les premières flammes passionnels atténués? L’amour est le brasier et non la flamme…. La passion est ce qui a de plus vif… ce qui brûle et détruit… les cendres qui en sortiront ne peuvent qu’être déterminées une fois cette passion atténuée…

La session se poursuivit alors sous cette note, quelques heures puis éventuellement la fin. Une brève discussion avec le patron du magazine ce fit avant que notre protagoniste eut l’opportunité de discuter à nouveau avec la photographe. S’approchant d’elle gracieusement, celui-ci s’adressa à cette dernièrement.

-Arigatou…. Hisae-san… ce fut un plaisir de travailler avec vous… vous m’avez étonnée…

Une pause, puis il poursuivit sa phrase par une question :

-Que faite vous ce soir?

Photographe Nombre de messages : 68 Age : 30 Date d'inscription : 28/03/2008

Détrompant les craintes qu’Hisae nourrissait, son modèle ne s’offusqua nullement de son commentaire. Au contraire, il semblait presque enthousiasmé, comme s’il attendait avec impatience qu’elle décèle la faille chez lui. Il en riait même. La photographe se dit qu’il était fort probablement l’étrange personnage que son apparence laissait supposer. Mais bon, il n’y avait pas là matière à poser un jugement hâtif…

La séance repris de plus belle et le dénommé Kaah redoublait d’effort, elle le voyait bien. Il ne semblait pas familier avec le concept de faire passer son émotion par son corps et ses tentatives s’avéraient parfois maladroites, mais il parvenait quand même à un résultat très satisfaisant. Hisae avait habituellement besoin d’un peu plus de temps et de discours pour initier ses modèles à sa vision de l’esthétisme. Bien sûr, s’ils continuaient de collaborer, il y aurait encore des modifications à apporter. Il ne lui livrait pas encore le passage jusqu’à son âme. Il se contentait seulement de paraître plus humain...

Néanmoins, Hisae prit ses derniers clichés sur une note de gaité et définitivement fière d’avoir mené à bien sa première séance professionnelle. Elle conclut donc le tout et permis à son modèle de prendre une pose. Pour l’avoir fait, elle savait que c’était épuisant autant au point de vu physique que mental de rester sous les projecteurs si longtemps et de sans cesse avoir à trouver de nouvelles idées. Surtout que cette fois, elle ne l’avait vraiment pas beaucoup guidé. Pour sa part, elle se reposa elle-même un court instant, puis entreprit de ranger son matériel.

Alors qu’elle s’apprêtait à s’en aller, son modèle (en fait son ancien modèle désormais) vient se ficher dans son champ de vision et occuper son ouïe :

- Arigatou…. Hisae-san… ce fut un plaisir de travailler avec vous… vous m’avez étonnée…

Bon, était-ce réellement un compliment? Elle l’espérait bien. Au moins, elle pouvait se donner officiellement le mérite de lui avoir montré quelque chose de nouveau… Elle n’eut néanmoins pas le temps de s’attarder sur cette futile montée d’égo, car le jeune homme reprit la parole sans attendre quelque commentaire de sa part.

-Que faite vous ce soir?

Euhhh? Est-ce qu’elle devait le pendre comme une invitation en bonne et due forme?
Peut-être pas… Et puis même s’il l’invitait, est-ce qu’elle y irait? Après tout, elle connaissait à peine cet excentrique personnage. D’un autre côté, si elle se liait d’amitié avec lui, elle gagnerait assurément un excellent cobaye pour ses expériences photographiques…

Hésitante quant à la démarche à suivre et incertaine des intentions réelles de son interlocuteur, Hisae se contenta donc d’une réponse évasive, sans implication réelle :

- À moins d’un imprévu, je compte retourner chez moi, regarder les photos et éventuellement commencer le tri et les retouches car j’ai une semaine pour tout finaliser…

Puis ce sentant un brin insolante, elle rajouta avec un sourire moqueur :

- Une raison en particulier motive cette question ?

Tout bien réfléchi, elle ça l'amusait et la flattait de croire qu'il voulait sortir avec elle après si peu de temps. Elle essayait donc de le pousser à se compromettre d'avantage pour en être certaine, car il fallait bien l’avouer, c’était la première fois qu’un de ses modèles (dans la liste de ceux qui ne la connaissent pas personnellement évidement) tentait ainsi une approche plus ou moins subtile pour obtenir un rencart. Si c’était bien ce qu’il voulait… sinon et bien il n’aurait qu’à la croire bizarre ou suffisante, justement elle ne le révérait plus.

Puis, elle pensa à la perspective d'une soiriée en sa compagnie et se dit que cela pourrait être définitivement agréble. Elle ne sortait pas beaucoup depuis son arrivée en ville... elle avait encore moins flirter... Quoiqu'il était un peu trop androgyne pour être de son genre, non ? Bah, si c'était juste pour s'amuser... Elle était rarement frivole, mais il fallait bien se récompenser d'un si bon travail et puis ça la ferait peut-être décompresser. Elle se mettait tellement de pression sur le épaules pour être parfaite, mais ce n'est pas une soirée de repos et éventuellement une petite histoire d'un soir qui allait tout gâcher...

Une invitation à sortir ? Cela est généralement très peu commun venant de la part de notre protagoniste vous savez. Oh certes il s’amuse occasionnellement à jouer les agaces, pour ne pas dire sur une base régulière, mais que très rarement il s’intéresse suffisamment à un personnage afin de souhaiter le connaître en dehors du « travail ». D’accord, il est vrai qu’il possède quelques amis qu’il a rencontré précédemment dans un contexte d’affaire, cependant il n’a jamais démontré ce genre d’intérêt pour qui que ce soit. Bref, ne sautons pas aux conclusions trop rapidement ! Cela peut être un simple rien du tout, peut-être une tentative d’être plus « humain ». Ah cette starlette… qui sait vraiment ce qui ce passe derrière ses prunelles ? Une belle gueule froide et si peu émotive généralement, c’est un peu triste quand on y pense, mais bon derrière ce beau personnage à quelque part il y a sans doute un être plus humain qui cherche à sortir… un être qui règle général ne sort de ce corps uniquement via la musique.

Enfin, à sa question il eut tout de même une réponse, cependant le tout fut rapidement transformé, puis ce fut à son tour d’offrir la réplique. Pourquoi cette question ? Pourquoi lui avoir demandé ce qu’elle fait ce soir ? N’est-ce pas là ce qu’on se demande tous depuis qu’il a prononcé le tout ? Que ce passe t-il dans l’esprit de ce très cher Kaah afin qu’il cherche à possiblement « sortir » avec cette jeune photographe? Qu’est-ce qu’elle possède que nul autre possède afin qu’il lui démontre un tel intérêt? Alors cela mystère… d’ailleurs c’est à savoir si notre cher Kaah lui-même en a la moindre idée ! Voir, il est même possible que c’est parce qu’il ne le sait pas et qu’il veut le savoir qu’il l’invite ainsi.

-Pour enfin faire votre connaissance…

Pour enfin faire sa connaissance ? Attendez une seconde… alors durant cette session de photo… n’a-t-il pas déjà fait connaissance avec elle ? Plongeant son regard dans celui de la photographe, cherchant à lire son âme comme elle a cherchée à lire son cœur durant la session, ce très cher Kaah a laissé ses paroles en suspend sans de plus ample explications. Avouez qu’il vous rend un peu confus vous aussi ! Et pourquoi ne pas donner d’autre explication ? Alors d’abord c’est tout simplement parce que répondre aux questions et rendre les gens confus par ses réponses est dans sa nature et puis c’est aussi que pour lui, aucune autre précision n’est réellement requise. Oh si, il en existe encore une de plus !

-Je serai au Nikoyaka Neko*… dans Shinjuku…

Un léger sourire, rien de plus et celui-ci se tourna et fit quelques pas en direction de la porte laissant sans doute la photographe un peu perplexe. Ce n’est pas qu’il prétend qu’elle a acceptée son invitation, mais simplement qu’il n’a point envi d’entendre la réponse et découvrir le tout en temps et lieu. Faisant alors quelques pas, sur le point de franchir la porte, notre jolie starlette détourna la tête et la regardant, ajoutant quelques mots de plus.

-Je ne veux pas de réponse immédiate… car je sais qu’à 20h je vais l’avoir…

Un léger sourire et voilà que notre starlette quittait les lieux. Un pas gracieux et d’une cadence naturelle, ce dernier se dirigea vers la sorti sans aller s’adresser à qui que ce soit d’autre dans l’édifice – de toute façon tout ce qui devait être fait fut déjà fait. C’est donc sans avoir donner de plus amples explications à la photographe, en offrant un rendez-vous sans véritablement en offrir un qu’il quitta le Velvet Curtains Magazine. N’allez pas croire qu’il l’a simplement invité dû à une question d’attirance ou d’un besoin physique potentiel… le tout est régulièrement « satisfait »… il y a quelque chose d’autre… mais bon cela nous allons sans doute le découvrir en temps et lieu n’est-ce pas ?

*Smiling Cat

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